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Souvenirs du Vietnam – prologue

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Mon père a quitté le Vietnam pour venir vivre en France avec une de ses soeurs ainées en 1950, alors qu’il n’était qu’un adolescent. Ce n’est qu’en 2011, plus de 60 ans plus tard, qu’il y retourne enfin. Des retrouvailles avec son pays d’origine réussies puisque que depuis mes parents y sont retourné plusieurs fois, pour découvrir et redécouvrir le Vietnam ainsi que les pays aux alentours. Comme mon papa aime écrire, je lui ai demandé s’il pouvait me raconter son retour dans un article. Quelques semaines plus tard, très émue, je reçois un fichier d’une dizaine de pages intitulé « Souvenirs du Vietnam, première partie ». Comme le titre l’indique, il ne s’agit pas seulement de son retour, mais il y décrit aussi sa vie de jeune garçon curieux et inventif, avant son départ. La longueur du texte n’étant pas adaptée au format d’un blog, je lui ai demandé de structurer son écrit pour pouvoir le publier en plusieurs fois (me voilà donc devenue éditrice, en plus de mes multiples casquettes). Voici donc le premier épisode du feuilleton de l’automne.

papa

Souvenirs du Vietnam (par Albert Tran)

1) Les billes

On ne peut rester de marbre devant un retour à son pays natal après 60 ans d’absence! Retrouver les endroits qui ont marqué mon enfance me plonge dans une émotion indescriptible, parce que j’avais l’impression de marcher sur les empreintes de mes propres pas. J’ai donc revu le Vietnam, le pays où je suis né avec des yeux neufs et un regard d’adulte formaté par la société dans laquelle j’avais choisi de vivre. J’ai redécouvert le pays que j’avais cru bien connaître. Mes deux voyages au Vietnam ont fait remonter des profondeurs de ma mémoire des souvenirs d’enfance restés presque intacts: le miracle existerait-il? Souvenirs heureux, accumulés au cours des premières années de ma jeunesse passée dans ce magnifique pays. Magnificence dont je n’avais aucune conscience, quand j’étais enfant: parfois le bonheur se défile sous nos yeux sans que nous nous en apercevions. Souvenirs sortis de leur long sommeil comme pour me faire comprendre que malgré le temps qui passe, mon moi du passé et mon moi du présent ne font qu’un: quand je dis:  »Le bébé que vous voyez sur cette photo, c’était moi, quand j’avais 8 mois », j’affirme l’identité de mon moi malgré les cicatrices laissées sur mon corps par les griffes du temps. Un constat cependant: nous avons tendance à ne garder de notre passé que les bons souvenirs qu’en plus nous habillons des plus beaux habits: pour la sérénité de l’âme qui attend le fatidique moment? Et puis, les souvenirs embellis ne contribueraient-ils pas à justifier, à tort ou à raison, ce pour quoi nous vivons? Les moments de bonheur intense ne donneraient-ils pas un sens à notre vie?

Quand j’étais un jeune garçon, j’étais peu perméable à la chose éducative et culturelle, plus enclin à l’école buissonnière qu’aux cours de géographie ou d’histoire où je m’ennuyais ferme. Si je devais choisir, je dirais que je préférerais mille fois la géographie à l’histoire. Mais, précisons-le tout de suite, il s’agissait d’une géographie strictement locale, voire extrêmement localisée c’est-à-dire limitée à la région où ma famille avait élu domicile. Rien d’anormal: cette région était mon domaine de chasse. En effet, je méprisais les jouets que les amies de ma mère se croyaient obligées de me donner à l’occasion d’une visite. Ils étaient sans intérêt pour moi, car dépourvus de touche personnelle, surtout quand je les comparais aux jouets que je fabriquais moi-même à la sueur de mon front comme, par exemple, mes billes. Produits transformés (à la main par frottement sur des courts de tennis en béton) dont la matière première était fournie gracieusement par la nature sous forme de cailloux. Billes dont les moins belles étaient destinées au troc. Troc effectué avec mes copains sous une table tout au fond de notre salle de classe, à l’abri du regard du maître d’école. Troc enfin destiné à enrichir mon patrimoine d’une grande variété de billes.

Auteur : Stefanie

Stefanie aime voyager, la déco, le bricolage, peindre, fabriquer de jolies choses, dessiner, les diners entre copain, écrire, les sorties culturelles, les soirées resto, la couture, les jeux de société, la maçonnerie, les petits jeux débiles sur smartphone, et puis lire, lire, lire....

5 Commentaires

  1. Merci Stéphanie pour cette bonne idée.
    Nous avons hâte de tout lire

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