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Souvenirs du Vietnam – le serpent

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Un peu de serpent avec votre riz? Suivez les liens pour lire le début

  1.  Prologue, les billes
  2. La chasse
  3. Opération Mangues

 

Souvenirs du Vietnam(par Albert Tran)

serpent dans l'arbre

Crédit photo: Sias van Schalkwyk

4) le serpent

Par un jour de juillet, la mousson nous a gratifié d’une pluie ressemblant à des cordes accrochés aux nuages. Cette pluie a surchargé d’eau les feuilles dont le supplément de poids fragilisait encore davantage les branches creuses. C’est ainsi qu’une branche creuse d’un fromager servant de domicile à un serpent s’est cassée et le reptile a fait une chute de plusieurs mètres et atterri juste devant mes pieds, ce qui m’a fait sursauter. Mon premier réflexe était de m’enfuir et mon deuxième, de rester pour affronter le danger. Un peu retourné, le serpent restait immobile. Je me suis dit que son immobilité ne devait pas durer une éternité: il fallait faire vite! En moins de temps qu’il en fallait pour le dire, j’ai ramassé une branche et d’un coup sec sur la tête du serpent, je lui ai ouvert les portes de l’éternité. Après quoi, je l’ai traîné jusqu’à la maison en prenant garde à ce que personne ne me voie. Puis je l’ai enroulé dans un caisson que je me suis hâté de cacher sous mon lit. Mais c’était sans compter la trahison de mes pas mouillés sur le carrelage immaculé. Hurlements d’effroi! Voix familière et chère! Ma mère venait de découvrir mon serpent. Bizarrement, ce n’était pas ma mère, mais Amélie, ma sœur aînée, qui me punissait. Tradition absurde gravée noir sur blanc dans la morale confucéenne, les cadets devant obéir à leurs aînés qui avaient le pouvoir les punir en cas de désobéissance ou de bêtises! Privation de dessert! Obligation de finir mon bol de riz jusqu’au dernier grain! Plus sévères punitions, vous n’en trouveriez pas! J’ai été frappé en plein cœur! Le dessert était ce que je préférais dans un repas! Et puis, m’obliger à terminer mon bol de riz jusqu’au dernier grain, alors que mon estomac regorgeait de friandises diverses! Impossible de trouver cruauté plus raffinée! On dirait que ma sœur aînée avait sauté l’étape de l’adolescence! Je me sentais comme une oie qu’on gavait. Ma mine de souffre-douleur finissait par produire son effet sur ma mère qui m’a autorisé à me lever de table bien avant que le dernier grain de riz ne soit avalé. Et cela, malgré la réprobation d’Amélie à qui j’ai lancé un malicieux sourire de victoire. De loin j’ai entendu quelques brides de conversation entre Amélie et ma mère: Tu le gâtes trop! Il ne fera jamais rien de bon dans la vie…Nous en reparlerons, quand tu auras des enfants..

Auteur : Stefanie

Stefanie aime voyager, la déco, le bricolage, peindre, fabriquer de jolies choses, dessiner, les diners entre copain, écrire, les sorties culturelles, les soirées resto, la couture, les jeux de société, la maçonnerie, les petits jeux débiles sur smartphone, et puis lire, lire, lire....

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